Lors de la fondation du Groupe de recherche pour l’enseignement des Langues anciennes en 1969, il s’agissait déjà de défendre l’enseignement du latin et du grec, mais contre ceux qui à l’époque pensaient que ces vieilleries n’avaient plus leur place dans un monde où tout devait changer. Nous qui venions de découvrir leur intérêt et leur richesse grâce à l’exemple et à l’esprit d’ouverture de certains de nos enseignants et plus particulièrement d’Huguette Fugier, nous avons adhéré à sa proposition de réfléchir ensemble aux moyens de renouveler ces enseignements et connaissances afin de répondre à tous leurs détracteurs.

Pendant 10 ans, nous nous sommes réunis en soirée pour des conférences au Lycée Kléber et deux fois par an au Centre Culturel Saint-Thomas à la Robertsau qui offrait un cadre pratique et agréable pour se retrouver autour de conférenciers, conseillés par H. Fugier, notre mentor, qui acceptaient de venir nous présenter le temps d’un week-end l’état de leurs recherches les plus récentes. Le groupe comprenait des étudiants et de jeunes enseignants qui débutaient leur carrière. Des collègues lorrains nous rejoignaient également.

Peu à peu le groupe s’est élargi et en 1980, nous nous sommes constitués en Association Régionale des enseignants de Langues Anciennes de l’ Académie de Strasbourg (ARELAS)  Au fil des années riches en découvertes et en rencontres, nous avons continué à réfléchir et à échanger autour de nos pratiques et expériences.

En parallèle, nous avons eu à défendre nos enseignements contre les politiques de plus en plus restrictives qui cherchaient à diminuer le coût de l’Education nationale et le latin et le grec étaient des cibles faciles puisque, selon certains, inutiles et de plus réservés à un public favorisé. Beaucoup d’entre nous enseignaient en collège et nous avons lutté contre ce préjugé car nous avions mesuré qu’il était important de mettre les langues anciennes à la portée de tous !

Nous avons souvent rédigé des motions et protestations, manifesté devant le Rectorat pour être entendus et considérés comme des interlocuteurs obligés par les autorités ministérielles et académiques qui affirmaient pourtant, de manière souvent hypocrite, leur volonté de préserver ces matières alors qu’en réalité elles appliquaient les directives officielles.

Nous n’avons pas été seuls à adopter une action constructive et militante, puisque dans beaucoup d’académies des associations régionales se sont constituées simultanément et ont décidé de former une coordination nationale, la CNARELA pour unir leurs efforts et leurs combats. L’ARELAS a été l’une des premières à participer aux réunions qui se tenaient à travers la France. A présent, 28 associations locales forment la CNARELA.

En 1987, en liaison avec nos amis de la CNARELA, nous avons réuni à Strasbourg des Etats généraux les Langues anciennes. Nous avions invité des participants des autres ARELA et des enseignants étrangers pour souligner le rôle fédérateur que pouvaient avoir nos disciplines. A partir de là, la CNARELA a organisé chaque année des Journées d’Octobre thématiques.
 Les 27-28 octobre 1998, à Strasbourg nous avons proposé à la CNARELA de débattre sur le thème : Grec et Latin, deux langues pour une culture européenne. Ces journées connurent un vif succès !
En 2014, nous avons à nouveau organisé du 20 au 22 octobre ces journées et une nouvelle fois avons tenu à ancrer la thématique dans le contexte local : L’antiquité, source d’idées nouvelles au bord du Rhin. On en retrouve le programme et les textes dans le bulletin N°35.

En feuilletant les documents conservés au fil des ans, je redécouvre toutes les actions menées par nos membres pour dynamiser leurs enseignements en permettant aux collègues de continuer à œuvrer ensemble et à susciter l’intérêt des élèves :
-Latin sans frontières, continué par les Olympiades.
-Sorties culturelles (Sites et conférences archéologiques, musées, bibliothèques et librairies, expositions, cinéma Odyssée, rencontres avec des enseignants de l’université de Bâle).
-Semaine des langues anciennes (en liaison avec la CNARELA)
-Relations et collaboration avec d’autres associations notamment Guillaume Budé et Alsace-Crète.
-Participation au Festival Strasbourg-Méditerranée

Depuis sa création, l’ARELAS a publié 40 bulletins dont un exemplaire est déposé chaque année à la BNU de Strasbourg. Ces bulletins reflètent fidèlement le travail mené par les membres de l’association et la confiance que leur ont accordée tous les conférenciers et intervenants qui ont accepté de donner leur texte. Ces dossiers sont également un témoignage de la vitalité exceptionnelle de l’ARELAS.

Il n’est pas possible de rappeler tous les événements et moments parfois difficiles qui ont jalonné ces 40 années. Nous avons travaillé avec de nombreux interlocuteurs académiques (Recteurs, Inspecteurs, IPR), universitaires, conservateurs de musées, archéologues, libraires, historiens et personnalités qui partageaient nos valeurs et combats. Chacun garde des souvenirs liés à ces expériences.