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Le patrimoine antique en Alsace

Koenigshoffen, vicus canabarum

Le quartier actuel de Koenigshoffen correspond à ce que l'on appelait dans l'Antiquité le vicus canabarum, terme qui apparaît dans les inscriptions. Cette agglomération civile s’est développée dès le début du premier siècle de notre ère à l’ouest du camp légionnaire de Strasbourg-Argentorate, le long de l’actuelle route des Romains, qui suit peu ou prou le tracé de l’ancienne voie romaine reliant l’agglomération civile au camp militaire situé dans la grande île. Cette zone est extrêmement dense en vestiges antiques : à l'ouest de Porte Blanche se trouvaient la nécropole puis les quartiers d'habitat et d'artisanat, sur une période qui va du premier au quatrième siècle. De nombreuses découvertes y ont été faites depuis la fin du XIXe siècle, et les opérations d’archéologie préventive menées depuis les dernières décennies du XXe siècle n'ont fait que confirmer l'importance de l'implantation romaine.

Les fouilles ont notamment mis au jour de belles stèles de légionnaires, dont la fameuse stèle de Largennius, et l'imposant monument familial des Valerius Rufus.
Stèle de Largennius, 
© Musée archéologique de Strasbourg
Nombre de ces découvertes alimentent les collections du musée archéologique de Strasbourg, qui a notamment présenté, du 30 juin 2017 jusqu’au 31 août 2018, l’exposition "Vivre à Koenigshoffen à l’époque romaine (Ier au IVe siècle)", réalisée en partenariat scientifique avec le Service régional de l'archéologie de la DRAC Grand Est et les opérateurs d’archéologie préventive (Archéologie Alsace et l’INRAP). Le catalogue qui en est issu constitue une synthèse précieuse pour l'histoire de ce quartier, qui ne cesse d'offrir de belles surprises aux archéologues.
Monument des Valerius Rufus, 
© Musée archéologique de Strasbourg
Vestiges d'un mithraeum
© Musée archéologique de Strasbourg
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En 2018, trois fouilles ont eu lieu dans le cadre des travaux d’extension du tramway de Strasbourg. Elles ont notamment permis de mettre au jour et d’étudier des vestiges d’habitats (caves, bâtiments, foyers, latrines, etc.) et d’artisanat (fours de potiers), ainsi que des vestiges funéraires antiques, dont des éléments de sculpture et deux exceptionnelles stèles funéraires de soldats de la VIIIe Légion Auguste, datées de la fin du Ier ou du début du IIe siècle.

Le sanctuaire du Donon

Avec le rocher de Mutzig, le Donon est un des deux plus hauts sommets au Nord des Voges. Offrant un point de vue exceptionnel dans toutes les directions, il est occupé dès le Néolithique, sans doute plutôt comme un « refuge » temporaire que comme un habitat permanent, dès le IIIe millénaire av. J.-C.. Des haches et marteaux de pierre polie ont été découverts, notamment lors de travaux forestiers.

Dès le XIXe siècle, des trouvailles de matériel protohistorique avaient été faites : hache à talon et couteau de l'Âge du bronze, mais le contexte n'est pas bien connu. Au XXe siècle, des tessons (attribués à l'Âge du bronze) ont été découverts au sommet, ainsi que des meules plates de l'époque hallstattienne (ce qui démontre une occupation plus sédentaire), qui indiquent également une culture de céréales proche du Donon ou l'apport de grains provenant de zones de production peu éloignées.

Le Donon se trouve à la frontière de trois grands peuples celtes : au nord, celui des Médiomatriques, dont la capitale était Divodurum (Metz) ; à l'est, les Triboques, dont la capitale était Brocomagus (Brumath) ; au sud, les Leuques, dont la capitale était Tullum (Toul). Un lieu de culte y a été installé vraisemblablement dès la fin de la protohistoire mais c'est essentiellement du IIe siècle et IIIe siècle que date le sanctuaire gallo-romain ; l'essentiel du matériel (bâtiments, sculptures) date de cette époque et est exposé aujourd'hui au musée archéologique de Strasbourg.

Le sanctuaire comprenait quatre bâtiments de pierre et un en bois. Ce dernier, circulaire, était situé au voisinage d'un puits (ou citerne). Les bâtiments en dur étaient en relation avec le culte. Aux époques celtes puis gallo-romaines, deux divinités y furent honorées, Teutatès et Mercure, auquel le dieu celte a été assimilé par les Romains. Parmi les stèles retrouvées, on compte plusieurs Mercure avec le caducée et la bourse, mais une seule représente Teutatès, le dieu au cerf. Une inscription mentionne Mercurius Vogesus, assimilant ainsi Mercure au dieu celte chasseur Vogesus, qui a donné son nom au massif. Plusieurs inscriptions et dédicaces montrent que d'autres dieux recevaient un culte : Taranis, Hécate ou encore Jupiter. Une des statues les plus célèbres représente le dieu armé du foudre luttant contre un monstre anguipède, schéma iconographique fréquent dans le monde gallo-romain.

Alors que la région était en voie de christianisation, certaines populations du haut Moyen Âge poursuivaient les cultes païens (vénération de rochers, de source, travestissements des hommes et des femmes en cerfs et en biches, etc.), ce qui était combattu par les moines des nombreuses abbayes s'installant dans la région et ayant pour but l'évangélisation des populations régionales.
Un bâtiment imitant un temple gréco-romain, avec un caractère mégalithique, a été érigé au sommet en 1869 pour abriter diverses trouvailles archéologiques. Il est l'œuvre de l'architecte colmarien Louis-Michel Boltz, le docteur Bédel, médecin cantonal, en étant l'initiateur. Après le rattachement de l'Alsace-Moselle à la France, de nombreuses fouilles furent faites, notamment par l'universitaire strasbourgeois Jean-Jacques Hatt, 
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